La confiance qui libère est la première des cinq dynamiques que je considère essentielles pour qu’une équipe devienne véritablement apprenante.
J’ai longtemps vu le mot « confiance » comme un mot joli mais fragile. Dans mes premières expériences professionnelles, elle était souvent proclamée mais rarement vécue. Parfois même l’erreur faisait peur et était cachée, tant la réaction du manager pouvait être violente. Rien ne se libérait vraiment.
C’est sans doute en réaction à cela que, lorsque j’ai dirigé l’Académie Accor, j’ai décidé de faire un autre choix. Le choix de partir d’un postulat simple : je vous fais confiance. Ce n’est pas une posture naïve, mais un engagement exigeant, qui change profondément la vie d’une équipe.
Ce que la confiance libère
Quand elle est réellement présente, la confiance agit comme un levier puissant. Je l’ai vu à l’œuvre dans mon équipe :
- elle permet aux intelligences multiples de se révéler, quand chacun ose mettre son talent au service du collectif,
- elle encourage les contributions, quand les idées émergent sans crainte du jugement,
- elle transforme les erreurs ou les échecs en apprentissages collectifs, nourrissant ainsi la spirale de progrès de l’équipe,
- elle permet à chacun d’être pleinement lui-même, avec ses forces, ses difficultés, ses fragilités.
Une équipe en confiance devient un espace où l’on peut dire, oser, apprendre – et grandir ensemble.
Comment elle se construit et s’entretient
J’ai appris que la confiance ne se décrète pas, mais qu’elle se construit dans le temps, à travers des gestes concrets et des postures incarnées.
Elle commence par la posture du leader – walk the talk – qui modélise pour le reste de l’équipe. En démontrant chaque jour que je faisais confiance à chaque collaborateur·trice – adulte responsable, capable de discernement – en posant sur chacun·e un regard appréciatif, je voyais ce regard se diffuser peu à peu dans l’équipe.
Elle passe par une meilleure connaissance réciproque. Nous avons appris à nous voir en tant que personnes, au-delà de nos rôles, à reconnaître les talents singuliers de chacun·e. Cela a nourri notre confiance et le plaisir de travailler ensemble.
Elle s’appuie sur des process qui la soutiennent, en éliminant ou en rectifiant certaines procédures qui sèment la suspicion plutôt que d’encourager l’autonomie. Je pense notamment à ce jour où une formatrice m’a demandé l’autorisation de payer 48 € pour avoir une place assise dans un train après deux jours d’animation intense. Cet épisode m’a ouvert les yeux : nous avons décidé de poser des seuils simples qui autorisaient chacun·e à décider. Derrière cette règle, c’était un message clair : tu es digne de confiance.
Enfin, elle exige la capacité à se dire les choses. Ce fut sans doute l’étape la plus difficile : apprendre à exprimer nos désaccords, nos frustrations, sans perdre le lien. Mais c’est ce qui a permis à la confiance de durer.
Le socle de l’équipe apprenante
Cette expérience m’a marquée. J’ai vu combien la confiance pouvait libérer les énergies, mais aussi combien il était difficile de l’entretenir.
Et c’est pour cela qu’elle ouvre toujours le chemin : première des cinq dynamiques d’une équipe apprenante, elle en est le ciment fondateur.
La confiance n’est pas un état acquis. Elle se cultive chaque jour, avec courage et exigence. Mais lorsqu’elle est là, elle libère une énergie collective incomparable.





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