Regarder, Reconnaître, Toucher

Dans nos entreprises, nos organisations, l’équipe reste un maillon unique qui peut permettre épanouissement, engagement et performance. En son sein, chaque membre de l’équipe peut contribuer à ce que le collectif se réinvente, se régénère continuellement tout en s’appuyant sur un socle solide de talents, de savoir faire qui font et feront la performance d’aujourd’hui et de demain. Atteindre le stade de maturité pour qu’une équipe adopte des modes de fonctionnement permettant intelligence collective, agilité, complicité réactivité requiert un travail collectif non négligeable qui a déjà été bien décrit dans différents modèles que cela soit par Vincent Lenhardt (les 3 stades de développement d’une équipe) ou Olivier Devillard (les 5 stades de maturité d’une équipe). De nombreuses composantes sont indispensables et nécessitent temps et persévérance pour qu’un fonctionnement réellement performant se mette en place.

Je m’attarderai ici sur 3 des ingrédients qui me paraissent essentiels et qui, dans une équipe sont à la base de la création d’un climat de collaboration effectif. La façon dont le leader mettra en œuvre ces 3 ingrédients peut permettre de tracer un chemin qui ouvrira à tous les membres de l’équipe la voie vers des modes d’interaction différents, chaleureux et fructueux.

Le premier ingrédient est le regard que l’on porte sur chacun. Le monde du travail s’organise le plus souvent autour d’organigrammes, de postes, de fonctions, d’emplois, de rôles décrits parfois savamment dans des fiches listant missions, tâches, compétences, qualités… souvent très bien faites, écrites avec soin et conviction, elles ne restent que des outils qui ne permettront jamais de cerner la complétude de la personne qui endossera tel ou tel titre ou fonction. Regarde-t-on la personne ou son poste, sa fonction (ou bien même un « ETP ») ? En tant que leader, considérez vous les membres de votre équipe comme des fonctions ou des personnes ? Les connaissez-vous ? Quel regard portez-vous sur elles ? 

Ce regard peut tout changer. Si vous arrivez à voir la personne comme entière, avec ses talents et ses failles, ses réussites et ses échecs, son histoire de vie singulière, ses rêves et ses zones d’ombre, vous serez beaucoup plus à même de la comprendre et de créer les conditions favorisant son épanouissement.

Ce regard est fondamental car quand il s’exerce en toute humilité, et bienveillance il permet d’identifier et de développer les talents de la personne regardée. Robert Rosenthal et Lenore Jacobson dans leur livre Pygmalion à l’école en 1968 ont démontré la puissance du regard porté par des enseignants quand ils pensaient que certains de leurs élèves étaient surdoués. Ceux-ci ont vu leurs résultats s’améliorer de manière significative alors que leurs tests initiaux avaient été faussés. Dans une équipe, l’effet Pygmalion est également à l’œuvre. Changez votre regard sur les membres de l’équipe, et vous pourrez voir ceux-ci se révéler.

En lien avec ce regard, le 2nd ingrédient fondamental pour la création d’un collectif porteur, c’est la reconnaissance. Au-delà du respect, brandi comme une valeur dans beaucoup d’organisations, et qui peut être forcé ou contraint, reconnaître l’autre dans son altérité, son individualité, change tout dans la façon dont chacun(e) peut ou non se sentir intrégré(e)dans le collectif. La reconnaissance c’est le regard de tous, exprimé par le groupe vis-à-vis d’une personne ; ses talents sont valorisés, sa singularité reconnue et constitue un socle de confiance pour la personne concernée : « ici je peux être moi-même car je suis reconnu(e) et en confiance ».   Reconnaître et valoriser le talent d’une personne lui permet de renforcer la confiance en soi et l’encourage à partager ce qu’elle fait très bien. Cela peut donc enclencher une spirale vertueuse d’apprentissage collectif au sein de l’équipe, dans laquelle chacun est contributeur.

A ce stade de l’article, il me paraît important de souligner la difficulté de changer de regard et de reconnaître. Moi-même en tant que leader, séduite pourtant par ses concepts que je pressentais comme puissants, j’ai été confrontée à la difficulté de changer ma façon de regarder…. Ayant été à la tête de différentes équipes, j’ai souvent porté des jugements sur certaines personnes qui étaient assez loin de moi en termes de comportement, de façon de voir les choses … mon regard n’était pas appréciatif – loin de là – et je pouvais avoir des réactions rapides, expéditives et maladroites.

 Le changement de regard est cependant possible si vous le décidez ; dans mon cas et en toute humilité, j’ai décidé de mieux connaître ces personnes, avec leurs parcours, leurs histoires de vie et leurs spécificités, de changer de perspective. En faisant cet exercice, j’ai identifié des domaines où elles avaient un vrai talent et où elles faisaient du très bon travail… souvent loin d’ailleurs de mes propres champs d’expertise. J’ai ainsi pu exprimer et expliciter la reconnaissance que je leur portais pour leur contribution au collectif. Cet exercice n’est certes pas facile mais permet de créer une dynamique vertueuse au sein d’une équipe et crée un chemin pour la reconnaissance de chaque membre de l’équipe par tous.

Une fois votre regard changé et la reconnaissance exprimée, comment faire pour maintenir dans le temps la relation nouvelle que vous aurez créée avec le/ la membre de l’équipe ? C’est là qu’intervient le 3ème ingrédient que l’on oublie si souvent lorsque l’on est absorbé par les projets, les réunions, et les différentes tâches qui incombent au leader. L’important ce n’est pas d’être tout le temps là derrière la personne, l’important c’est quand on la voit, de la toucher, de montrer que l’on s’intéresse à ce qu’elle est et non pas uniquement à ce qu’elle fait. 

C’est de lui parler de ce qui est important pour elle, de la regarder dans les yeux et de s’enquérir de ce qui pourrait la préoccuper. C’est par exemple, avant de lui demander comment se passe son travail, lui demander des nouvelles de ses enfants, de son déménagement, de son dernier voyage… Ces quelques mots échangés, ce temps consacré à la relation, même s’il est très court, permettra de forger un autre rapport entre vous. Car en parlant de cœur à cœur, vous attestez de l’égalité intrinsèque de chacun et vous montrez que chacun, avec ce qu’il est, ses compétences, ses talents, ses forces peut apporter énormément au collectif. 

Souvent j’ai entendu des managers dire « moi avec mon équipe que je n’ai pas choisi, cela ne va pas être possible »…. Et si vous en décidiez autrement ? En prenant le temps de changer votre regard, de reconnaître et de toucher les membres de votre équipe, vous pourriez être étonné(e) du résultat ! le jeu en vaut la chandelle, je peux en attester.

Je serai heureuse de vous accompagner dans cette expérience si vous le souhaitez. N’hésitez pas à me contacter !

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